1. Soignez la construction de votre histoire
Le polar c’est : un crime (meurtre, enlèvement, vol…), une enquête (et quelqu’un qui la mène), des indices, un contexte, des fausses pistes, un dénouement.

Construisez, construisez !
Ne commencez pas à écrire sans connaître la fin ! Plus que les autres genres, le polar nécessite une construction impeccable. Les indices peuvent apparaître dès le début de l’intrigue et doivent être disséminés soigneusement, subtilement ; n’hésitez pas à faire un plan, des schémas, des frises chronologiques, un tableau de liège rempli de photos et de fils rouges, avant de vous lancer dans l’écriture ! Vous ne ferez que renforcer la crédibilité de votre intrigue, et cela vous empêchera de vous perdre en cours de route.
Mobile et crédibilité
Cela semble une évidence, mais rappelons-le : vous devez penser à expliquer le mobile du criminel. Et cet élément va vous permettre de donner une direction et une tonalité à l’ensemble de votre récit. Cette question va aussi vous aider à rendre le crime plus intéressant, puisqu’elle vous permettra d’aller fouiller dans l’histoire du criminel. Et si on s’attachait au meurtrier, qu’on ressentait sa colère ?
Structure type et éléments clés du polar
Vous débutez et avez besoin d’un cadre précis avant de vous lancer ? Voici une structure simple possible pour votre histoire, qui récapitule les grands indispensables d’une histoire policière.
1. L’introduction : elle doit être assez courte (proportionnellement à votre nouvelle, pas plus d’un quart) et instaure le décor, le crime/le mystère, les personnages clés.
2. Le développement : l’enquête commence et progresse, c’est le cœur de votre nouvelle. Vous pouvez introduire les éléments suivants : collecte d’indices, interrogatoires, pistes à suivre, filature, espionnage. Des fausses pistes, des suspects (quels sont leurs alibis, leurs mobiles ?), des témoins qui aident ou obstruent l’enquête… Des rebondissements permettent de rythmer le récit (des retours en arrière, de nouveaux indices clés, des entraves à la progression).
3. Le dénouement : vous donnez la réponse à votre mystère ! Cela clôture l’enquête et vient donner des explications à tous les mystères soulevés. Attention à créer la surprise, sans nuire à la crédibilité !
Pour aller plus loin
La construction linéaire vous permettra d’avoir une intrigue très claire présentée de manière classique (voir plan ci-dessus). Vous pouvez aussi faire le choix de briser cette linéarité pour ajouter du relief à votre enquête. Dans tous les cas, ayez bien la chronologie des événements en tête ! Mais lors de la rédaction, vous pouvez décider par exemple d’alterner le présent et le passé, d’insérer des ellipses ou des retours en arrière… ce qui vous permettra d’accentuer le suspense de votre histoire.

2. Rythme et suspense
Lorsqu’on se lance dans la rédaction d’une nouvelle policière, il faut bien avoir à l’esprit que ce genre nécessite de travailler le suspense. La tension narrative est essentielle pour que le lecteur soit happé par votre récit, et qu’il ne lâche pas la lecture avant la résolution finale.
Une entrée en matière marquante
Le début de votre histoire va marquer son ambiance, son atmosphère ! Dès le début, amenez votre lecteur à se poser des questions (“Mais pourquoi ?!”, “Mais enfin, que s’est-il passé ?”, “Misère, comment va-t-il faire pour échapper à la police ? 😱”) et à s’impliquer dans votre mystère. Vous pouvez commencer fort, en décrivant la scène de crime par exemple, ou le crime en lui-même, ou encore un élément captivant, intrigant ou atypique sur la scène de crime qui va soulever un vrai mystère.
Le lecteur est un enquêteur
Le plaisir de lire un polar vient du fait qu’on se met à la place de l’enquêteur ! Il faut donc donner assez d’indices au lecteur pour qu’il puisse imaginer lui-même le dénouement. Mais attention ! Si le dénouement est trop évident, vous aurez un lecteur ou une lectrice déçu.e sur le dos 😉 Attention à le surprendre !

Montrer, ne pas raconter
Il est important de bien soigner la manière dont vous racontez votre histoire. “Montrer, ne pas raconter”, cela veut dire qu’il est préférable de laisser les lecteurs déduire les choses par eux-mêmes. De manière très simple, plutôt que d’écrire noir sur blanc “c’était Jean-José le coupable”, il vaudra mieux de le faire comprendre par des actions, des phrases, des chemins de pensées… qui rendront évident que oui, c’était Jean-José le coupable. Rien n’est plus désagréable que de lire un paragraphe qui nous explique tout ce que nous venons déjà de comprendre.
Le dosage
Référez-vous à votre plan pour équilibrer l’apparition des indices et des hypothèses. Tout ne doit pas arriver d’un coup : alternez efficacement entre des moments de rebondissements, et des moments plus calmes. Pensez également à amener le lecteur vers de fausses pistes ! On pourra comprendre à la fin du texte que tous les indices n’étaient pas utiles. Les suspects étaient peut-être louches, oui, mais pour des raisons diverses qui n’ont pas toujours un lien avec le crime auquel vous vous intéressez !

3. S’approprier les codes du genre ?
Le conseil le plus évident serait de vous éloigner des clichés du genre. Qui a envie de lire une énième enquête qui patine menée par un flic dépressif dans une petite bourgade où le boucher est vraiment louche ? Oui, mais soyons aussi honnêtes : ça fait parfois plaisir de lire un “bon vieux polar” ; vous savez, comme le petit film plaisir coupable du dimanche soir dont on a deviné la fin et qui nous donne l’impression d’être particulièrement malin. Bon alors, on fait quoi 😰 ?
Le problème avec les clichés
Ils ne nous surprennent plus, nous lassent, nous désintéressent… Or l’intérêt d’une bonne enquête, c’est d’être surpris, happé, de ne plus pouvoir lâcher la lecture ! Non ?
Les clichés, c’est OK, si vous débutez
Les archétypes et les grosses ficelles du genre peuvent vous aider à écrire votre tout premier polar sans avoir peur de vous perdre en route, et d’être certain que la formule marche. Le prochain, vous pourrez ajouter des touches d’originalité en vous sentant plus serein !
Les clichés, c’est OK, si vous savez où vous allez
Pourquoi ne pas se servir des clichés pour s’en moquer, pour les célébrer, pour les réinventer ? C’est le cas de beaucoup d'œuvres géniales ; si vous faites ce choix, n’ayez pas peur de forcer le trait !

4. Comment être original ?
Des clichés, pas de clichés, c’est bien beau, mais si je veux me démarquer ? Vous n’êtes pas obligé de révolutionner le genre, mais si vous souhaitez ajouter des touches d’originalité dans votre récit, voici quelques pistes.
Mettez du vôtre !
Tout l’intérêt de l’écriture, c’est qu’avec elle on peut parler de soi, de ce qu’on aime, de ce qu’on vit, de ce qui nous traverse. Alors pourquoi ça ne marcherait pas avec le polar ? Un lieu, un personnage, des péripéties, un point de vue… que personne d’autre ne pourra imaginer, cela donnera du sel à votre histoire !
Jouez avec les points de vue
Votre polar pourra être rédigé en adoptant le point de vue d’un des personnages de l’histoire : le meurtrier / la victime / l’enquêteur (qui peut être policier, journaliste, ou même civil) / un témoin / la personne qui découvre le corps / un proche d’un de ces personnages
Il est possible d’écrire un texte qui adopte un seul de ces points de vue, ou bien d’alterner entre plusieurs. Ce jeu pourra donner plus de dimension à votre histoire, permettre de voir les choses sous un angle nouveau, ou de disséminer les indices de manière plus originale et apporter du relief à l’histoire.
Si vous décidez d'employer le point de vue du meurtrier, il vous faudra trouver un moyen de maintenir le suspense malgré le fait qu'il sait déjà tout ce qui concerne le meurtre. Alterner ce point de vue avec d'autres peut résoudre ce problème !

Se contenter du polar ?
Non ! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué 😏 ? Comme en musique, le mélange des genres constitue une richesse incroyable ! N’hésitez pas à ajouter à votre enquête une dimension sociale, de l’humour (noir ou pas), une présence fantastique, un monde merveilleux, un décor de science-fiction, ou même de la poésie ?
Qu’est-ce que vous voulez faire passer ?
Le mélange des genres va vous aider à apporter de la richesse et de la densité à votre enquête.
Des idées : les polars interrogent souvent des concepts philosophiques ou sociaux. Les crimes impliquent des rapports de force entre les personnages, des notions de morale ou de pouvoir qui sont particulièrement intéressants à interroger grâce à votre enquête.
Des sensations : les polars ont aussi une approche très esthétique ! Vous pouvez choisir de donner une place importante à l’ambiance et aux émotions : les descriptions du décor (campagne, ville, froid), de la temporalité (le soir, la nuit, en plein soleil), des personnages (étranges, positifs, effrayants, drôles), des émotions traversées (peur, plaisir, effroi, deuil) vont vous aider à instaurer cette atmosphère et enrichir votre histoire.

Quelle est la différence entre le polar et le thriller ?
Ces deux genres sont souvent croisés et se complètent très bien, mais ils ont une approche différente.
L'objectif premier du thriller, c'est la tension ! Celle-ci doit être palpable et s'accentuer jusqu'au dénouement. Le lecteur doit sentir le danger, souvent le personnage principal court lui-même un risque. L'enquête n'est pas toujours au premier plan et contrairement au polar le thriller adopte des structures moins "classiques" en ce qui concerne le point de départ, les indices etc. Enfin, le thriller peut prendre bien des formes et il n'est pas toujours question de meurtre : l'intrigue peut être politique, journalistique... ou moins développée et flirter avec le genre horrifique.
Maintenant, au travail ! Pour vous essayer à la rédaction d’une nouvelle policière, participez à l’atelier d’écriture Meurtre sous 40°C, une pochette ouverte tout l’été sur Pochade !
